13 juillet 2022 Informations
Low-tech et écoresponsabilité : nouveau bilan de l’Ademe
L’ADEME a publié un rapport autour des low-tech qui s’intitule « Démarches Low-tech : état des lieux et perspectives ». Porteuses de synergies et compatibles avec les concepts de sobriété, d’économie circulaire et surtout d’innovation frugale, les low-tech réinvestissent la notion d’innovation, au service de la transition écologique. Ces low-tech peuvent s’avérer un outil intéressant pour la transition écologique, au vu des bénéfices environnementaux, économiques et sociaux qu’elles peuvent apporter.
Comment s’inspirer de ces démarches ? Voici quelques éléments choisis de définitions, et d’articulations des low-tech avec d’autres concepts comme l’écoconception.
Système et démarche low-tech : définitions
Le terme a été construit « par antinomie avec les high-tech », mais réduire la définition des low-tech à un contraire des high-tech ou encore à la no-tech serait erroné.
Les caractéristiques essentielles pour définir un système low-tech peuvent varier selon les acteurs interrogés, cependant, les critères d’utilité, d’accessibilité (compréhensible, simple, avec un partage des connaissances), de durabilité et favorisant l’autonomie sont souvent retenus.
Le questionnement des besoins est central dans la définition d’une démarche low-tech et doit systématiquement être le point de départ de la démarche.
Articulation des low-tech avec d’autres concepts
Technologies vivantes Vs Technologies zombies
Les technologies zombies sont décrites comme des technologies incapables de survivre dans la durée, à cause de l’épuisement des ressources ou parce que les pratiques sont amenées à évoluer par exemple. Ces technologies seraient donc déjà « morte[s] à l’aune de la durabilité mais envahissant frénétiquement le monde » (Halloy & Nova, 2020).
Elles se place en opposition aux technologies vivantes, qui font appel au biosourcé et qui fonctionnent avec les cycles du vivant.
Cette manière de parler des technologies se rapproche fortement des low-tech par le technodiscernement qu’elle prône. En effet, il s’agit d’une remise en question profonde du discours du progrès, dans lequel les technologies présentées comme du futur sont obsolètes avant même d’être déployées. Ce concept rejoint également les low-tech sur le critère de durabilité. Il semble toutefois donner moins d’importance aux objectifs sociaux d’accessibilité, de convivialité ou d’autonomie, qui animent les démarches low-tech.
Low-tech et écoconception
L’écoconception vise à « intégrer des aspects environnementaux dans la conception et le développement d’un produit ». Un produit ou un service écoconçu est quant à lui défini comme un produit ayant bénéficié d’une démarche d’écoconception, c’est-à-dire de l’amélioration de sa performance environnementale.
Pour atteindre son objectif de réduction de l’impact environnemental, la démarche mobilise des leviers tels que la réduction de la quantité de matière et l’optimisation de la durée de vie du produit ou service. En ce sens, la démarche d’écoconception est proche de la démarche low-tech.
Un rapprochement avec l’économie de la fonctionnalité est également très adapté, car vise des objets ayant une longue durée de vie. Les low-tech sont ainsi très compatibles avec ce type de modèle d’affaires.
Aspects réglementaires
Dans la réglementation, la loi AGEC de 2020 impose l’affichage d’un indice de réparabilité sur certains produits électriques et électroniques. Cette mesure s’inscrit parfaitement dans la thématique durabilité — et même la sous-thématique réparabilité — associée aux low-tech. Pour autant, les thématiques moins « purement environnementales » des low-tech — l’accessibilité, l’utilité —n’apparaissent que très peu dans ces lois.
Comment les intégrer ?
En conclusion…
Bien que porteuses de bénéfices économiques (création d’emploi, revalorisation de filières artisanales, relocalisations, etc.), sociaux (autonomisation, résilience collective, création de lien social, etc.) et environnementaux (baisse de la consommation de ressources matérielles et énergétiques, réduction du volume de déchets, diminution des pollutions, etc.), les low-tech n’en demeurent pas moins confrontées à des obstacles significatifs à leur passage à l’échelle. Le manque de visibilité, la dimension politiquement partisane et les barrières culturelles et réglementaires, entre autres, entravent un déploiement généralisé de ces solutions qui sont pourtant des outils pertinents pour la transition écologique.
Les modalités d’action pour soutenir le développement des low-tech à grande échelle et démocratiser ces solutions doivent intervenir dans une optique de transition, et non d’addition des solutions low-tech à l’existant.
Sources : BONJEAN Anne-Charlotte, FANGEAT Erwann, ADEME, FORGET Astrid, FUSTEC Alan, HABE Camille, JAEGER Romain, MOIROUD Loraine, MORALES Eloïse, Goodwill-management, CHABOT Clément, Lowtech Lab. 2022. État des lieux et perspectives des démarches « low-tech ». Rapport – 52 pages. Cet ouvrage est disponible en ligne https://librairie.ADEME.fr/